POPE PIUS XII
ADDRESS to the
C
ONGRESS on Neural HISTOPATHOLOGY
Sept 14, 1952

 

 


[THE MORAL LIMITS of MEDICAL RESEARCH and TREATMENT]
[12. Consent and Rights]


An address given September 14, 1952 by His Holiness to the First International Congress on the Histopathology of the Nervous System.
AAS
1952, 779-789 [paragraph numbers absent in original French text]


1. The “First International Congress on the Histopathology of the Nervous System” has succeeded in covering a truly vast amount of material. Through detailed explanation and demonstration it had to put into exact perspective the causes and first beginnings of the diseases of the nervous system properly so called and of the diseases we call psychic. A report was read and an exchange of views held on recent ideas and discoveries concerning lesions of the brain and other organs, which are the origin and cause of nervous diseases as well as of psychopathic illness. These discoveries have been made, partly, through entirely new means and methods. The number and nationality of the participants in the Congress, and especially of the speakers, show that specialists of the most diverse countries and nationalities have exchanged experiences for their own mutual benefit and to promote the interests of science, the interests of the individual patient and the interests of the community.

Ce « premier Congrès international d’histopathologie du système nerveux » réussit à dominer une matière vraiment très vaste. Par un exposé et une démonstration approfondie, il fallait placer dans une perspective exacte les causes et les premiers débuts des maladies du système nerveux proprement dit et des maladies qu’on appelle psychiques. Aussi a-t-on présenté un rapport et organisé un échange de vues au sujet des connaissances et découvertes récentes sur les lésions du cerveau et d’autres organes, lésions qui sont l’origine et la cause des maladies nerveuses comme des psychopathies. En fait, il s’agissait de découvertes acquises en partie par des moyens entièrement nouveaux et par de nouvelles méthodes. Le nombre et la provenance des participants et en particulier des rapporteurs montre que les savants de pays et de nations les plus divers ont échangé leurs expériences pour leur enrichissement mutuel et pour servir l’intérêt de la science, l’intérêt du malade individuel, l’intérêt de la communauté.

2. You do not expect Us to discuss the medical questions which concern you. Those are your domain. During the past few days you have taken a general view of the vast field of research and work which is yours. Now, in answer to the wish you yourselves have expressed, We want to draw your attention to the limits of this field—not the limits of medical possibilities, of theoretical and practical medical knowledge, but the limits of moral rights and duties. We wish to make Ourself the interpreter of the moral conscience of the research worker, the specialist and the practitioner and of the man and Christian who follows the same path.

Vous n’attendrez pas de Nous que Nous traitions des questions médicales qui vous occupent. C’est votre domaine. Vous avez pendant ces jours pris une vue d’ensemble de votre vaste champ de recherches et de travaux. Nous voudrions maintenant — pour répondre au voeu que vous avez vous-mêmes exprimé — attirer votre attention sur les limites de ce champ, non les limites des possibilités médicales, des connaissances médicales théoriques et pratiques, mais les limites des droits et des devoirs moraux. Nous voudrions aussi Nous faire l’interprète de la conscience morale du chercheur, du savant et du praticien, de la conscience morale de l’homme comme du chrétien, qui d’ailleurs suivent ici la même voie.

3. In your reports and discussions you have caught sight of many new roads, but there remain a number of questions still unsolved. The bold spirit of research incites one to follow newly discovered roads, to extend them, to create new ones and to renew methods. A serious, competent doctor will often see with a sort of spontaneous intuition the moral legality of what he proposes to do and will act according to his conscience. But there are other instances where he does not have this security, where he may see or think he sees the contrary with certainty or where he doubts and wavers between Yes and No. In the most serious and profound matters, the man in the physician is not content with examining from a medical point of view what he can attempt and succeed in. He also wants to see his way clearly in regard to moral possibilities and obligations.

Dans vos rapports et vos discussions, vous avez entrevu beaucoup de chemins nouveaux, mais il reste une quantité de questions qui ne sont pas encore résolues. L’esprit de recherche, son audace décidée incitent à s’engager sur les routes fraîchement découvertes, à les pousser plus avant, à créer d’autres itinéraires, à rénover les méthodes. Le médecin sérieux et compétent verra souvent avec une sorte d’intuition spontanée la licéité morale de l’action qu’il se propose et il agira selon sa conscience. Mais il se présente aussi des possibilités d’action où il n’a pas cette sécurité, où peut-être il voit ou croit voir avec certitude le contraire, où il doute et oscille entre le oui et le non. L’homme dans le médecin, en ce qu’il a de plus sérieux et de plus profond, ne se contente pas d’examiner au point de vue médical ce qu’il peut tenter et réussir, il veut aussi voir clair dans la question des possibilités et de l’obligation morales.

4. We would like to set forth briefly the <essential principles> which permit an answer to be given to this question. The application to specific cases you will make yourselves in your role of doctor, because only the doctor understands the medical evidence thoroughly both in itself and in its effects and because without exact knowledge of the medical facts it is impossible to determine what moral principle applies to the treatment under discussion. The doctor, therefore, looks at the medical aspect of the case, the moralist, the laws of morality. Ordinarily, when explained and completed mutually, the medical and moral evidence will make possible a reliable decision as to the moral legality of the case in all its concrete aspects.

Nous voudrions, en quelques traits, exposer les principes essentiels qui permettent de répondre à cette question. L’application aux cas particuliers, vous la ferez vous-mêmes en tant que médecins, parce que souvent seul le médecin pénètre à fond le donné médical, en soi et ses effets, et parce que sans une connaissance exacte du fait médical il est impossible de déterminer quel principe moral s’applique aux traitements en cause. Le médecin envisage donc l’aspect médical du cas ; le moraliste, les normes morales. Ordinairement, en s’ex-pliquant et en se complétant mutuellement, ces données rendront possible un jugement sûr sur la licéité morale du cas dans sa situation tout à fait concrète.

5. In order to justify the morality of new procedures, new attempts and methods of research and medical treatment, three main principles must be kept in mind:

Pour justifier en morale de nouveaux procédés, de nouvelles tentatives et méthodes de recherche et de traitement médicaux, on invoque surtout trois principes :

1. The interests of medical science.

1° l’intérêt de la science médicale,

2. The interests of the individual patient to be treated.

2° l’intérêt individuel du patient à traiter,

3. The interests of the community, the “bonum commune.”

3.: 3° l'intérêt de la communauté.. le « bonum commune »

6. We ask whether these three interests, taken singly or even together, have absolute value in motivating and justifying medical treatment or whether they are valid merely within certain determined limits? In the latter case, what are these limits? To this We shall try to give a brief answer.

 Nous posons la question : ces trois intérêts — envisagés chacun pour soi ou du moins tous trois ensemble — ont-ils valeur absolue pour motiver et justifier le traitement médical, ou ne valent-ils qu'à l'intérieur de frontières déterminées? Dans ce dernier cas, quelles sont ces frontières? Nous allons tenter de donner à cela une courte réponse.

I. The Interests of Science as Justification for Research and the Use of New Methods.

L’intérêt de la science comme justification de la recherche et de l’emploi de nouvelles méthodes

7. Scientific knowledge has its own value in the domain of medical science no less than in other scientific domains, such as, for example, physics, chemistry, cosmology and psychology. It is a value which must certainly not be minimized, a value existing quite independently of the usefulness or use of the acquired knowledge. Moreover, knowledge as such and the full understanding of any truth raise no moral objection. By virtue of this principle, research and the acquisition of truth for arriving at new, wider and deeper knowledge and understanding of the same truth are in themselves in accordance with the moral order.

La connaissance scientifique a sa valeur propre dans le domaine de la science médicale — non moins qu’en d’autres domaines scientifiques comme, par exemple, en physique, chimie, cosmologie, psychologie, — valeur qu’il ne faut certes pas minimiser et qui s’impose tout à fait indépendamment de l’utilité et de l’utilisation des connaissances acquises. Aussi la connaissance comme telle et la plénitude de la connaissance de toute vérité ne soulèvent-elles aucune objection morale. En vertu du même principe, la recherche et l’acquisition de la vérité en vue de parvenir à une connaissance et à une compréhension nouvelles, plus vastes et plus profondes de cette même vérité, sont en soi d’accord avec l’ordre moral.

8. But this does not mean that all methods, or any single method, arrived at by scientific and technical research offers every moral guarantee. Nor, moreover, does it mean that every method becomes licit because it increases and deepens our knowledge.

Mais cela ne signifie pas que toute méthode, ou même une seule méthode bien déterminée de recherche scientifique et technique, offre toute garantie morale ou plus encore que toute méthode devient licite par le fait même qu’elle accroît et approfondit nos connaissances.

Sometimes it happens that a method cannot be used without injuring the rights of others or without violating some moral rule of absolute value. In such a case, although one rightly envisages and pursues the increase of knowledge, morally the method is not admissible. Why not? Because science is not the highest value, that to which all other orders of values—or in the same order of value, all particular values—should be subordinated. Science itself, therefore, as well as its research and acquisitions, must be inserted in the order of values. Here there are well defined limits which even medical science cannot transgress without violating higher moral rules. The confidential relations between doctor and patient, the personal right of the patient to the life of his body and soul in its psychic and moral integrity are just some of the many values superior to scientific interest. This point will become more obvious as We proceed.

Parfois il arrive qu’une méthode ne puisse être mise en oeuvre sans léser le droit d’autrui ou sans violer une règle morale de valeur absolue. En ce cas, bien qu’on envisage et qu’on poursuive à bon droit l’accroissement de la connaissance, cette méthode n’est pas moralement admissible. Pourquoi donc ? Parce que la science n’est pas la valeur la plus haute, à laquelle tous les autres ordres de valeurs — ou dans un même ordre de valeurs, toutes les valeurs particulières — seraient soumises. Donc la science elle-même comme aussi sa recherche et son acquisition doivent s’insérer dans l’ordre des valeurs. Ici se dressent des frontières bien définies, que même la science médicale ne peut transgresser sans violer les règles morales supérieures. Les relations de confiance entre médecin et patient, le droit personnel du patient à la vie, physique et spirituelle, dans son intégrité psychique ou morale, voilà, parmi beaucoup d’autres, des valeurs qui dominent l’intérêt scientifique. Cette constatation deviendra plus évidente encore par la suite.

9. Although one must recognize in the “interests of science” a true value that the moral law allows man to preserve, increase and widen, one cannot concede the following statement: “Granted, obviously, that the doctor’s intervention is determined by scientific interest and that he observes the rules of his profession, there are no limits to the methods for increasing and deepening medical science.” Even on this condition, one cannot just concede this principle.

Bien qu’on doive reconnaître dans 1’« intérêt de la science » une valeur authentique, que la loi morale ne défend pas à l’homme de garder, d’accroître, d’approfondir, on ne peut cependant pas concéder l’affirmation suivante : « A supposer évidemment que l’intervention du médecin soit déterminée par un intérêt scientifique et qu’il observe les règles professionnelles, il n’y a pas de limites aux méthodes d’accroissement et d’approfondissement de la science médicale ». Même à cette condition-là, on ne peut concéder tout simplement ce principe.

II. The Interests of the Patient as Justification of New Medical Methods of Research and Treatment.

II. L’intérêt du patient comme justification de nouvelles méthodes médicales de recherche et de traitement :

10. In this connection, the basic considerations may be set out in the following form: “The medical treatment of the patient demands taking a certain step. This in itself proves its moral legality.” Or else: “A certain new method hitherto neglected or little used will give possible, probable or sure results. All ethical considerations as to the licitness of this method are obsolete and should be treated as pointless.”

Les considérations de base peuvent ici se formuler de la manière suivante : « Le traitement médical du malade exige telle mesure déterminée. Par le fait même, sa licéité morale est prouvée. » Ou bien : « Telle méthode nouvelle, jusqu’ici négligée ou peu utilisée, donnera des résultats possibles, probables ou certains. Par là même, toutes les considérations éthiques sur la licéité de cette méthode sont dépassées et doivent être traitées comme sans objet. »

11. How can anyone fail to see that in these statements truth and falsehood are intermingled? In a very large number of cases the “interests of the patient” do provide the moral justification of the doctor’s conduct. Here again, the question concerns the absolute value of this principle. Does it prove by itself, does it make it evident that what the doctor wants to do conforms to the moral law?

Comment ne pas voir que le vrai et le faux sont ici mêlés ? L’« intérêt du patient » fournit en de très nombreux cas la justification morale de la conduite du médecin. La question porte ici encore, sur la valeur absolue de ce principe ; prouve-t-il par lui-même, fait-il en sorte que l’intervention envisagée par la médecine soit conforme à la loi morale ?

CONSENT REQUIRED - BUT PATIENT does not possess ABSOLUTE RIGHTS over SELF

 

12. In the first place it must be assumed that,

[1] as a private person, the doctor can take no measure or try no course of action without the consent of the patient. The doctor has no other rights or power over the patient than those which the latter gives him, explicitly or implicitly and tacitly.

[2] On his side, the patient cannot confer rights he does not possess.

In this discussion the decisive point is the moral licitness of the right a patient has to dispose of himself. Here is the moral limit to the doctor’s action taken with the consent of the patient.

D’abord il faut supposer que le médecin

comme personne privée, ne peut prendre aucune mesure, tenter aucune intervention sans le consentement du patient. Le médecin n’a sur le patient que le pouvoir et les droits que celui-ci lui donne, soit explicitement, soit implicitement et tacitement.

Le patient, de son côté, ne peut conférer plus de droits qu’il n’en possède.

Le point décisif, dans ce débat, c’est la licéité morale du droit qu’a le patient de disposer de lui-même. Ici se dresse la frontière morale de l’action du médecin, qui agit avec le consentement de son patient.

13. As for the patient, he is not absolute master of himself, of his body or of his soul. He cannot, therefore, freely dispose of himself as he pleases. Even the reason for which he acts is of itself neither sufficient nor determining. The patient is bound to the immanent teleology laid down by nature. He has the right of use, limited by natural finality, of the faculties and powers of his human nature. Because he is a user and not a proprietor, he does not have unlimited power to destroy or mutilate his body and its functions. Nevertheless, by virtue of the principle of totality, by virtue of his right to use the services of his organism as a whole, the patient can allow individual parts to be destroyed or mutilated when and to the extent necessary for the good of his being as a whole. He may do so to ensure his being’s existence and to avoid or, naturally, to repair serious and lasting damage which cannot otherwise be avoided or repaired.

En ce qui concerne le patient, il n’est pas maître absolu de lui-même, de son corps, de son esprit. Il ne peut donc disposer librement de lui-même, comme il lui plaît. Le motif même, pour lequel il agit, n’est à lui seul, ni suffisant ni déterminant. Le patient est lié à la téléologie immanente fixée par la nature. Il possède le droit d’usage, limité par la finalité naturelle, des facultés et des forces de sa nature humaine. Parce qu’il est usufruitier et non propriétaire, il n’a pas un pouvoir illimité de poser des actes de destruction ou de mutilation de caractère anatomique ou fonctionnel. Mais, en vertu du principe de totalité, de son droit d’utiliser les services de l’organisme comme un tout, il peut disposer des parties individuelles pour les détruire ou les mutiler, lorsque et dans la mesure où c’est nécessaire pour le bien de l’être dans son ensemble, pour assurer son existence, ou pour éviter, et, naturellement, pour réparer des dommages graves et durables, qui ne pourraient être autrement ni écartés ni réparés.

14. The patient, then, has no right to involve his physical or psychic integrity in medical experiments or research when they entail serious destruction, mutilation, wounds or perils.

Le patient n’a donc pas le droit d’engager son intégrité physique et psychique en des expériences ou recherches médicales, quand ces interventions entraînent avec ou après elles des destructions, mutilations, blessures ou périls sérieux.

15. Moreover, in exercising his right to dispose of himself, his faculties and his organs, the individual must observe the hierarchy of the orders of values—or within a single order of values, the hierarchy of particular rights—insofar as the rules of morality demand. Thus, for example, a man cannot perform on himself or allow doctors to perform acts of a physical or somatic nature which doubtless relieve heavy physical or psychic burdens or infirmities, but which bring about at the same time permanent abolition or considerable and durable diminution of his freedom, that is, of his human personality in its typical and characteristic function. Such an act degrades a man to the level of a being reacting only to acquired reflexes or to a living automation. The moral law does not allow such a reversal of values. Here it sets up its limits to the “medical interests of the patient.”

En outre, dans la mise en oeuvre de son droit à disposer de lui-même, de ses facultés et de ses organes, l’individu doit observer la hiérarchie des ordres de valeurs, et, à l’intérieur d’un même ordre de valeurs, la hiérarchie des biens particuliers, pour autant que les règles de la morale l’exigent. Ainsi, par exemple, l’homme ne peut entreprendre sur soi ou permettre des actes médicaux — physiques ou somatiques — qui sans doute suppriment de lourdes tares ou infirmités physiques ou psychiques, mais entraînent en même temps une abolition permanente ou une diminution considérable et durable de la liberté, c’est-à-dire de la personnalité humaine dans sa fonction typique et caractéristique. On dégrade ainsi l’homme au niveau d’un être purement sensitif aux réflexes acquis ou d’un automate vivant. Un pareil renversement des valeurs, la loi morale ne le supporte pas ; aussi fixe-t-elle ici les limites et les frontières de 1’« intérêt médical du patient ».

16. Here is another example. In order to rid himself of repressions, inhibitions or psychic complexes man is not free to arouse in himself for therapeutic purposes each and every appetite of a sexual order which is being excited or has been excited in his being, appetites whose impure waves flood his unconscious or subconscious mind. He cannot make them the object of his thoughts and fully conscious desires with all the shocks and repercussions such a process entails. For a man and a Christian there is a law of integrity and personal purity, of self-respect, forbidding him to plunge so deeply into the world of sexual suggestions and tendencies. Here the “medical and psychotherapeutic interests of the patient” find a moral limit. It is not proved—it is, in fact, incorrect—that the pansexual method of a certain school of psychoanalysis is an indispensable integrating part of all psychotherapy which is serious and worthy of the name. It is not proved that past neglect of this method has caused grave psychic damage, errors in doctrine and application in education, in psychotherapy and still less in pastoral practice. It is not proved that it is urgent to fill this gap and to initiate all those interested in psychic questions in its key ideas and even, if necessary, in the practical application of this technique of sexuality.

Voici un autre exemple : pour se délivrer de refoulements, d’inhibitions, de complexes psychiques, l’homme n’est pas libre de réveiller en lui, à des fins thérapeutiques, tous et chacun de ces appétits de la sphère sexuelle, qui s’agitent ou se sont agités en son être, et roulent leurs flots impurs dans son inconscient ou son subconscient. Il ne peut en faire l’objet de ses représentations et de ses désirs pleinement conscients, avec tous les ébranlements et les répercussions qu’entraîne un tel procède. Pour l’homme et le chrétien existe une loi d’intégrité et de pureté personnelles, d’estime personnelle de soi, qui interdit de se plonger aussi totalement dans le monde des représentations et des tendances sexuelles. L’« intérêt médioal et psychothérapeutique du patient » trouve ici une limite morale. Il n’est pas prouvé, il est même inexact, que la méthode pansexuelle d’une certaine école de psychanalyse soit une partie intégrante indispensable de toute psychothérapie sérieuse et digne de ce nom ; que le fait d’avoir dans le passé négligé cette méthode ait causé de graves dommages psychiques, des erreurs dans la doctrine et dans les applications en éducation, en psychothérapie et non moins encore dans la pastorale ; qu’il soit urgent de combler cette lacune et d’initier tous ceux qui s’occupent de questions psychiques, aux idées directrices et même, s’il le faut, au maniement pratique de cette technique de la sexualité 2.

17. We speak this way because today these assertions are too often made with apodictic assurance. Where instincts are concerned it would be better to pay more attention to indirect treatment and to the action of the conscious psyche on the whole of imaginative and affective activity. This technique avoids the deviations We have mentioned. It tends to enlighten, cure and guide; it also influences the dynamic of sexuality, on which people insist so much and which they say is to be found, or really exists, in the unconscious or subconscious.

Nous parlons ainsi parce que, aujourd’hui, ces affirmations sont trop souvent présentées avec une assurance apodictique. Il vaudrait mieux, dans le domaine de la vie instinctive, accorder plus d’attention aux traitements indirects et à l’action du psychisme conscient sur l’ensemble de l’activité imaginative et affective. Cette technique évite les déviations signalées. Elle tend à éclairer, guérir et diriger ; elle influence aussi la dynamique de la sexualité, sur laquelle on insiste tant et qui doit se trouver ou même se trouve réellement dans l’inconscient ou le subconscient.

18. Up to now We have spoken directly of the patient, not of the doctor. We have explained at what point the personal right of the patient to dispose of himself, his mind, his body, his faculties, organs and functions, meets a moral limit. But at the same time We have answered the question: Where does the doctor find a moral limit in research into and use of new methods and procedures in the “interests of the patient?” The limit is the same as that for the patient. It is that which is fixed by the judgment of sound reason, which is set by the demands of the natural moral law, which is deduced from the natural teleology inscribed in beings and from the scale of values expressed by the nature of things. The limit is the same for the doctor as for the patient because, as We have already said, the doctor as a private individual disposes only of the rights given him by the patient and because the patient can give only what he himself possesses.

Jusqu’à présent, Nous avons parlé directement du patient, non du médecin, et Nous avons expliqué en quel point le droit personnel du patient à disposer de lui-même, de son esprit, de son corps, de ses facultés, organes et fonctions, rencontre une limite morale. Mais en même temps Nous avons répondu à la question : où se trouve pour le médecin la frontière morale dans la recherche et l’utilisation des méthodes et procédés nouveaux dans « l’intérêt du patient » ? La frontière est la même que pour le patient ; c’est celle qui est fixée par le jugement de la saine raison, qui est tracée par les exigences de la loi morale naturelle, qui se déduit de la téléologie naturelle inscrite dans les êtres et de l’échelle de valeurs exprimée par la nature des choses. La frontière est la même pour le médecin et pour le patient, parce que, Nous l’avons déjà dit, le médecin, comme personne privée, dispose uniquement des droits concédés par le patient et parce que le patient ne peut donner plus que ce qu’il possède lui-même.

19. What We say here must be extended to the legal representatives of the person incapable of caring for himself and his affairs: children below the age of reason, the feebleminded and the insane. These legal representatives, authorized by private decision or by public authority have no other rights over the body and life of those they represent than those people would have themselves if they were capable. And they have those rights to the same extent. They cannot, therefore, give the doctor permission to dispose of them outside those limits.

Ce que Nous disons ici doit s’étendre au représentant légal de celui qui est incapable de disposer de lui-même et de ses affaires : les enfants avant l’âge de raison, puis les faibles d’esprit, les aliénés. Ces représentants légaux, établis par une décision privée ou par l’autorité publique, n’ont sur le corps et la vie de leurs subordonnés d’autre droit qu’eux-mêmes, s’ils en étaient capables, et cela avec la même extension. Ils ne peuvent donc pas donner au médecin la permission d’en disposer en dehors de ces limites.

III. The Interests of the Community as Justification of New Medical Methods of Research and Treatment.

III. L’intérêt de la communauté comme justification de nouvelles méthodes de recherche et de traitement :

20. For the moral justification of the doctor’s right to try new approaches, new methods and procedures We invoke a third interest, the interest of the community, of human society, the common good or “bonum commune,” as the philosopher and social student would say.

On invoque un troisième intérêt pour justifier moralement le droit de la médecine à de nouvelles tentatives et interventions, à des méthodes et procédés nouveaux : l’intérêt de la communauté, de la société humaine, le bonum commune, le bien commun, comme disent le philosophe et le sociologue.

21. There is no doubting the existence of such a common good. Nor can we question the fact that it calls for and justifies further research. The two interests of which We have already spoken, that of science and that of the patient, are closely allied to the general interest.

Il est hors de doute qu’un tel bien commun existe : on ne peut non plus contester qu’il appelle et justifie des recherches ultérieures. Les deux intérêts déjà nommés, celui de la science et celui du patient, sont étroitement unis à l’intérêt général.

22. Nevertheless, for the third time we come back to the question: Is there any moral limit to the “medical interests of the community” in content or extension? Are there “full powers” over the living man in every serious medical case? Does it raise barriers that are still valid in the interests of science or the individual? Or, stated differently: Can public authority, on which rests responsibility for the common good, give the doctor the power to experiment on the individual in the interests of science and the community in order to discover and try out new methods and procedures when these experiments transgress the right of the individual to dispose of himself? In the interests of the community, can public authority really limit or even suppress the right of the individual over his body and life, his bodily and psychic integrity?

Cependant, pour la troisième fois, revient la question : « l’intérêt médical de la communauté » n’est-il, dans son contenu et son extension, limité par aucune barrière morale ? Y a-t-il « pleins pouvoirs » pour chaque expérience médicale sérieuse sur l’homme vivant ? Lève-t-il les barrières qui valent encore pour l’intérêt de la science ou de l’individu ? Ou sous une autre formulation : l’autorité publique — à qui précisément incombe le souci du bien commun — peut-elle donner au médecin le pouvoir de tenter des essais sur l’individu dans l’intérêt de la science et de la communauté, afin d’inventer et d’expérimenter des méthodes et procédés nouveaux, alors que ces essais dépassent le droit de l’individu à disposer de lui-même ; l’autorité publique peut-elle réellement, dans l’intérêt de la communauté, limiter ou supprimer même le droit de l’individu sur son corps et sa vie, son intégrité corporelle et psychologique ?

23. To forestall an objection, We assume that it is a question of serious research, of honest efforts to promote the theory and practice of medicine, not of a maneuver serving as a scientific pretext to mask other ends and achieve them with impunity.

Pour prévenir une objection : on suppose toujours qu’il s’agit de recherches sérieuses, d’efforts honnêtes pour promouvoir la médecine théorique et pratique, non de quelque manoeuvre, qui sert de prétexte scientifique pour couvrir d’autres buts et les réaliser impunément.

24. In regard to these questions many people have been of the opinion and are still of the opinion today, that the answer must be in the affirmative. To give weight to their contention they cite the fact that the individual is subordinated to the community, that the good of the individual must give way to the common good and be sacrificed to it.

En ce qui concerne les questions posées, beaucoup ont estimé, et estiment encore aujourd’hui, qu’il faut y répondre par l’affirmative. Pour étayer leur conception, ils invoquent le fait que l’individu est subordonné à la communauté, que le bien de l’individu doit céder le pas au bien commun et lui être sacrifié.

They add that the sacrifice of an individual for purposes of research and scientific investigation profits the individual in the long run.

Ils ajoutent que le sacrifice d’un individu aux fins de la recherche et de l’exploration scientifique profite finalement à l’individu.

25. The great postwar trials brought to light a terrifying number of documents testifying to the sacrifice of the individual in the “medical interests of the community.” In the minutes of these trials one finds testimony and reports showing how, with the consent and, at times, even under the formal order of public authority, certain research centers systematically demanded to be furnished with persons from concentration camps for their medical experiments. One finds how they were delivered to such centers, so many men, so many women, so many for one experiment, so many for another. There are reports on the conduct and the results of such experiments, of the subjective and objective symptoms observed during the different phases of the experiments. One cannot read these reports without feeling a profound compassion for the victims, many of whom went to their deaths, and without being frightened by such an aberration of the human mind and heart. But We can also add that those responsible for these atrocious deeds did no more than to reply in the affirmative to the question We have asked and to accept the practical consequences of their affirmation.

Les grands procès de l’après-guerre ont mis au jour une quantité effrayante de documents attestant le sacrifice de l’individu à 1’« intérêt médical de la communauté ». On trouve, dans les actes, des témoignages et des rapports qui montrent comment, avec l’assentiment et même parfois sur un ordre formel de l’autorité publique, certains centres de recherches exigeaient systématiquement qu’on leur fournît les hommes des camps de concentration pour leurs expériences médicales, et comment on les livrait à ces centres : tant d’hommes, tant de femmes, tant pour telle expérience, tant pour telle autre. Il existe des rapports sur le déroulement et le résultat des expériences, sur les symptômes objectifs et subjectifs observés chez les intéressés au cours des différentes phases de l’expérimentation. On ne peut lire ces notes sans être saisi d’une profonde compassion pour ces victimes, dont beaucoup sont allées à la mort, et sans être pris d’épouvante devant pareille aberration de l’esprit et du coeur humain. Mais Nous pouvons aussi ajouter : les responsables de ces faits atroces n’ont rien fait de plus que de répondre par l’affirmative aux questions que Nous avons posées et de tirer les conséquences pratiques de cette affirmation.

26. At this point is the interest of the individual subordinated to the community’s medical interests, or is there here a transgression, perhaps in good faith, against the most elementary demands of the natural law, a transgression that permits no medical research?

L’intérêt de l’individu est-il à ce point subordonné à l’intérêt médical commun, ou transgresse-t-on ici, de bonne foi peut-être, les exigences les plus élémentaires du droit naturel, transgression que ne peut se permettre aucune recherche médicale ?

27. One would have to shut one’s eyes to reality to believe that at the present time one could find no one in the medical world to hold and defend the ideas that gave rise to the facts We have cited. It is enough to follow for a short time the reports on medical efforts and experiments to convince oneself of the contrary. Involuntarily one asks oneself what has authorized, and what could ever authorize, any doctor’s daring to try such an experiment. The experiment is described in all its stages and effects with calm objectivity. What is verified and what is not is noted. But there is not a word on its moral legality. Nevertheless, this question exists, and one cannot suppress it by passing it over in silence.

Il faudrait fermer les yeux à la réalité pour croire qu’à l’heure actuelle, on ne trouve plus personne dans le monde de la médecine pour tenir et défendre les idées qui sont à l’origine des faits que nous avons cités. Il suffit de suivre pendant quelque temps les rapports sur les essais et les expériences médicales, pour se convaincre du contraire. On se demande involontairement ce-qui a autorisé tel médecin à oser telle intervention et ce qui pourrait jamais l’y autoriser. Avec une objectivité tranquille, l’expérience est décrite dans son déroulement et dans ses effets ; on note ce qui se vérifie et ce qui ne se vérifie pas. Sur la question de la licéité morale, pas un mot. Cette question existe cependant, et l’on ne peut la supprimer en la passant sous silence.

28. In the above mentioned cases, insofar as the moral justification of the experiments rests on the mandate of public authority, and therefore on the subordination of the individual to the community, of the individual’s welfare to the common welfare, it is based on an erroneous explanation of this principle. It must be noted that, in his personal being, man is not finally ordered to usefulness to society. On the contrary, the community exists for man.

Pour autant que, dans les cas mentionnés, la justification morale de l’intervention se tire du mandat de l’autorité publique, et donc de la subordination de l’individu à la communauté, du bien individuel au bien social, elle repose sur une explication erronée de ce principe. Il faut remarquer que l’homme dans son être personnel n’est pas ordonné en fin de compte à l’utilité de la société, mais, au contraire, la communauté est là pour l’homme.

29. The community is the great means intended by nature and God to regulate the exchange of mutual needs and to aid each man to develop his personality fully according to his individual and social abilities. Considered as a whole, the community is not a physical unity subsisting in itself and its individual members are not integral parts of it. Considered as a whole, the physical organism of living beings, of plants, animals or man, has a unity subsisting in itself. Each of the members, for example, the hand, the foot, the heart, the eye, is an integral part destined by all its being to be inserted in the whole organism. Outside the organism it has not, by its very nature, any sense, any finality. It is wholly absorbed by the totality of the organism to which it is attached.

La communauté est le grand moyen voulu par la nature et par Dieu pour régler les échanges où se complètent les besoins réciproques, pour aider chacun à développer complètement sa personnalité selon ses aptitudes individuelles et sociales. La communauté considérée comme un tout n’est pas une unité physique qui subsiste en soi, et ses membres individuels n’en sont pas des parties intégrantes. L’organisme physique des êtres vivants, des plantes, des animaux ou de l’homme possède en tant que tout une unité qui subsiste en soi ; chacun des membres, par exemple la main, le pied, le coeur, l’oeil, est une partie intégrante, destinée par tout son être à s’insérer dans l’ensemble de l’organisme. Hors de l’organisme, il n’a, par sa nature propre, aucun sens, aucune finalité ; il est entièrement absorbé par la totalité de l’organisme auquel il se relie.

30. In the moral community and in every organism of a purely moral character, it is an entirely different story. Here the whole has no unity subsisting in itself, but a simple unity of finality and action. In the community individuals are merely collaborators and instruments for the realization of the common end.

Il en va tout autrement dans la communauté morale et dans chaque organisme de caractère purement moral. Le tout n’a pas ici d’unité qui subsiste en soi, mais une simple unité de finalité et d’action. Dans la communauté, les individus ne sont que collaborateurs et instruments pour la réalisation du but communautaire.

31. What results as far as the physical organism is concerned? The master and user of this organism, which possesses a subsisting unity, can dispose directly and immediately of integral parts, members and organs within the scope of their natural finality. He can also intervene, as often as and to the extent that the good of the whole demands, to paralyze, destroy, mutilate and separate the members. But, on the contrary, when the whole has only a unity of finality and action, its head—in the present case, the public authority—doubtlessly holds direct authority and the right to make demands upon the activities of the parts, but in no case can it dispose of its physical being. Indeed, every direct attempt upon its essence constitutes an abuse of the power of authority.

Que s’ensuit-il pour l’organisme physique ? Le maître et l’usufruitier de cet organisme, qui possède une unité subsistante, peut disposer directement et immédiatement des parties intégrantes, les membres et les organes, dans le cadre de leur finalité naturelle ; il peut intervenir également, aussi souvent et dans la mesure où le bien de l’ensemble le demande, pour en paralyser, détruire, mutiler, séparer les membres. Mais, par contre, quand le tout ne possède qu’une unité de finalité et d’action, son chef, c’est-à-dire dans le cas présent l’autorité publique, détient sans doute une autorité directe et le droit de poser des exigences à l’activité des parties, mais en aucun cas il ne peut disposer directement de son être physique. Aussi toute atteinte directe à son essence constitue un abus de compétence de l’autorité.

32. Now medical experiments—the subject We are discussing here immediately and directly affect the physical being, either of the whole or of the several organs, of the human organism. But, by virtue of the principle We have cited, public authority has no power in this sphere. It cannot, therefore, pass it on to research workers and doctors. It is from the State, however, that the doctor must receive authorization when he acts upon the organism of the individual in the “interests of the community.” For then he does not act as a private individual, but as a mandatory of the public power. The latter cannot, however, pass on a right that it does not possess, save in the case already mentioned when it acts as a deputy, as the legal representative of a minor for as long as he cannot make his own decisions, of a person of feeble mind or of a lunatic.

Or, les interventions médicales, dont il s’agit ici, atteignent immédiatement et directement l’être physique, soit de l’ensemble, soit des organes particuliers de l’organisme humain. Mais en vertu du principe précité, le pouvoir public n’a en ce domaine aucun droit, il ne peut donc pas le communiquer aux chercheurs et aux médecins. C’est de l’Etat pourtant que le médecin doit recevoir l’autorisation quand il intervient dans l’organisme de l’individu pour « l’intérêt de la communauté ». Car il n’agit pas alors comme homme privé, mais comme mandataire du pouvoir public. Celui-ci cependant ne peut pas transmettre le droit qu’il ne possède pas lui-même, excepté le cas déjà mentionné plus haut, où il se comporte en suppléant, comme représentant légal en lieu et place d’un mineur, aussi longtemps qu’il n’est pas en état de décider par lui-même, d’un mineur faible d’esprit ou d’un aliéné.

33. Even when it is a question of the execution of a condemned man, the State does not dispose of the individual’s right to life. In this case it is reserved to the public power to deprive the condemned person of the <enjoyment> of life in expiation of his crime when, by his crime, he has already disposed himself of his right to live.

Même quand il s’agit de l’exécution d’un condamné à mort, l’Etat ne dispose pas du droit de l’individu à la vie. Il est réservé alors au pouvoir public de priver le condamné du bien de la vie en expiation de sa faute, après que, par son crime, il s’est déjà dépossédé de son droit à la vie.

34. We cannot refrain from explaining once more the point treated in this third part in the light of the principle to which one customarily appeals in like cases. We mean the principle of totality. This principle asserts that the part exists for the whole and that, consequently, the good of the part remains subordinated to the good of the whole, that the whole is a determining factor for the part and can dispose of it in its own interest.

Nous ne pouvons Nous empêcher d’éclairer encore une fois la question traitée dans cette troisième partie à la lumière du principe, auquel on fait appel d’habitude dans les cas similaires : Nous voulons dire le principe de totalité. Il affirme que la partie existe pour le tout, et que par conséquent le bien de la partie reste subordonné au bien de l’ensemble ; que le tout est déterminant pour la partie et peut en disposer dans son intérêt.

This principle flows from the essence of ideas and things and must, therefore, have an absolute value.

Le principe découle de l’essence des notions et des choses et doit par là avoir valeur absolue.

35. We respect the principle of totality in itself but, in order to be able to apply it correctly, one must always explain certain premises first. The basic premise is that of clarifying the <quaestio facto>, the question of fact. Are the objects to which the principle is applied in the relation of a whole to its parts? A second premise is the clarification of the nature, extension and limitation of this relationship. Is it on the level of essence or merely on that of action, or on both? Does it apply to the part under a certain aspect or in all its relations? And, in the field where it applies, does it absorb the part completely or still leave it a limited finality, a limited independence? The answers to these questions can never be inferred from the principle of totality itself. That would be a vicious circle. They must be drawn from other facts and other knowledge. The principle of totality itself affirms only this: where the relationship of a whole to its part holds good, and in the exact measure it holds good, the part is subordinated to the whole and the whole, in its own interest, can dispose of the part. Too often, unfortunately, in invoking the principle of totality, people leave these considerations aside, not only in the field of theoretical study and the field of application of law, sociology, physics, biology and medicine, but also of logic, psychology and metaphysics.

Respect au principe de totalité en soi ! Cependant, afin de pouvoir l’appliquer correctement, il faut toujours expliquer d’abord certains présupposés. Le présupposé fondamental est de mettre au clair la quaestio facti, la question de fait : les objets. auxquels le principe est appliqué, sont-ils dans le rapport de tout à partie ? Un deuxième présupposé : mettre au clair la nature, l’extension et l’étroitesse de ce rapport. Se place-t-il sur le plan de l’essence, ou seulement sur celui de l’action, ou sur les deux ? S’applique-t-il à la partie sous un aspect déterminé ou sous tous ses rapports ? Et dans le champ où il s’applique, absorbe-t-il entièrement la partie ou lui laisse-t-il encore une finalité limitée, une indépendance limitée ? La réponse à ces questions ne peut jamais être inférée du principe de totalité lui-même : cela ressemblerait à un cercle vicieux. Elle doit se tirer d’autres faits et d’autres connaissances. Le principe de totalité lui-même n’affirme rien que ceci : là où se vérifie la relation de tout à partie, dans la mesure exacte où elle se vérifie, la partie est subordonnée au tout, celui-ci peut, dans son intérêt propre, disposer de la partie. Trop souvent, hélas ! quand on invoque le principe de totalité, on laisse de côté ces considérations : non seulement dans le domaine de l’étude théorique et le champ d’application du droit, de la sociologie, de la physique, de la biologie et de la médecine, mais aussi en logique, psychologie et métaphysique.

 

Et le Pape de conclure :

36. Our plan was to draw your attention to certain principles of deontology which define the limits and confines of research and experimentation in regard to new medical methods to be immediately applied to living men.

Notre dessein était d’attirer votre attention sur quelques principes de déontologie, qui définissent les frontières et les limites dans la recherche et l’expérimentation de nouvelles méthodes médicales appliquées immédiatement à l’homme vivant.

37. In the domain of your science it is an obvious law that the application of new methods to living men must be preceded by research on cadavers or the model of study and experimentation on animals. Sometimes, however, this procedure is found to be impossible, insufficient or not feasible from a practical point of view. In this case, medical research will try to work on its immediate object, the living man, in the interests of science, in the interests of the patient and in the interests of the community.

Dans le domaine de votre science, c’est une loi évidente que l’application de nouvelles méthodes à l’homme vivant doit être précédée de la recherche sur le cadavre ou le modèle d’étude et de l’expérimentation sur l’animal. Parfois, cependant, ce procédé s’avère impossible, insuffisant ou pratiquement irréalisable. Alors la recherche médicale tentera de s’exercer sur son objet immédiat, l’homme vivant, dans l’intérêt de la science, dans l’intérêt du patient, dans l’intérêt de la communauté.

Such a procedure is not to be rejected without further consideration. But you must stop at the limits laid down by the moral principles We have explained.

Cela n’est pas à rejeter sans plus, mais il faut s’arrêter aux limites tracées par les principes moraux que Nous avons expliqués.

38. Without doubt, before giving moral authorization to the use of new methods, one cannot ask that any danger or any risk be excluded. That would exceed human possibilities, paralyze all serious scientific research and very frequently be to the detriment of the patient. In these cases the weighing of the danger must be left to the judgment of the tried and competent doctor. Nevertheless, as Our explanation has shown, there is a degree of danger that morality cannot allow. In doubtful cases, when means already known have failed, it may happen that a new method still insufficiently tried offers, together with very dangerous elements, appreciable chances of success. If the patient gives his consent, the use of the procedure in question is licit. But this way of acting cannot be upheld as a line of conduct in normal cases.

Sans doute, avant d’autoriser en morale l’emploi de nouvelles méthodes, on ne peut exiger que tout danger, tout risque soient exclus. Cela dépasse les possibilités humaines, paralyserait toute recherche scientifique sérieuse et tournerait très souvent au détriment du patient. L’appréciation du danger doit être laissée dans ces cas au jugement du médecin expérimenté et compétent. Il y a cependant, Nos explications l’ont montré, un degré de danger que la morale ne peut permettre. Il peut arriver, dans des cas douteux, quand échouent les moyens déjà connus, qu’une méthode nouvelle, encore insuffisamment éprouvée, offre, à côté d’éléments très dangereux, des chances appréciables de succès. Si le patient donne son accord, l’application du procédé en question est licite. Mais cette manière de faire ne peut être érigée en ligne de conduite pour les cas normaux.

39. People will perhaps object that the ideas set forth here present a serious obstacle to scientific research and work. Nevertheless, the limits We have outlined are not by definition an obstacle to progress. The field of medicine cannot be different in this respect from other fields of man’s research, investigations and work. The great moral demands force the impetuous flow of human thought and will to flow, like water from the mountains, into certain channels. They contain the flow to increase its efficiency and usefulness. They dam it so that it does not overflow and cause ravages that can never be compensated for by the special good it seeks. In appearance, moral demands are a brake. In fact, they contribute to the best and most beautiful of what man has produced for science, the individual and the community.

On objectera peut-être que les idées développées ici constituent un obstacle grave à la recherche et au travail scientifiques. Néanmoins, les limites que Nous avons tracées ne sont pas en définitive un obstacle au progrès. Dans le champ de la médecine, il n’en va pas autrement que dans les autres domaines de la recherche, des tentatives et des activités humaines : les grandes exigences morales forcent le flot impétueux de la pensée et du vouloir humains à couler, comme l’eau des montagnes, dans un lit déterminé ; elles le contiennent pour accroître son efficacité et son utilité ; elles l’endiguent pour qu’il ne déborde pas et ne cause pas de ravages, qui ne pourraient jamais être compensés par le bien spécieux qu’ils poursuivent. Apparemment, les exigences morales sont un frein. En fait, elles apportent leur contribution à ce que l’homme a produit de meilleur et de plus beau pour la science, pour l’individu, pour la communauté.

40. May Almighty God in His benevolent Providence give you His blessing and grace to this end.

Que le Dieu tout-puissant, en sa Providence bienveillante, vous accorde à cette fin sa Bénédiction et sa Grâce.

 

 

 


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