CHATEAUBRIAND
 
THE GENIUS of CHRISTIANITY
General Recapitulation

 

 


Chateaubriand, The Genius of Christianity, Or The Spirit and Beauty of the Christian Religion,
tr. Charles White,  (Baltimore, John Murphy & Co. 1858)


 

 

 

 

CHATEAUBRIAND
 
THE GENIUS of CHRISTIANITY:
Or The Spirit and Beauty of the Christian Religion

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

General Recapitulation

Chapitre XII - Récapitulation générale

 

 

 

 

 

 

IT is not without a certain degree of fear that we approach the conclusion of our work. The serious reflections which induced us to undertake it, the hazardous ambition which has led us to decide, as far as lay in our power, the question respecting Christianity,—all these considerations alarm us. It is difficult to discover how far it is pleasing to the Almighty that men should presume to take into their feeble hands the vindication of his eternity, should make themselves advocates of the Creator at the tribunal of the creature, and attempt to defend by human argu­ments those counsels which gave birth to the universe. Not without extreme diffidence, therefore, convinced as we are of the incompetency of our talents, do we here present the general recapitulation of this work.

Ce n’est pas sans éprouver une sorte de crainte que nous touchons à la fin de notre ouvrage. Les graves idées qui nous l’ont fait entreprendre, la dangereuse ambition que nous avons eue de déterminer, autant qu’il dépendait de nous, la question sur le christianisme, toutes ces considérations nous alarment. Il est difficile de découvrir jusqu’à quel point Dieu approuve que des hommes prennent dans leurs débiles mains la cause de son éternité, se fassent les avocats du Créateur au tribunal de la créature et cherchent à justifier par des raisons humaines ces conseils qui ont donné naissance à l’univers. Ce n’est donc qu’avec une défiance extrême, trop motivée par l’insuffisance de nos talents, que nous offrons ici la récapitulation générale de cet ouvrage.

Every religion has its mysteries. All nature is a secret.

Toute religion a des mystères ; toute la nature est un secret.

The Christian mysteries are the most sublime that can be ; they are the archetypes of the system of man and of the world.

Les mystères chrétiens sont les plus beaux possibles : ils sont l’archétype du système de l’homme et du monde.

The sacraments are moral laws, and present pictures of a highly poetical character.

Les sacrements sont une législation morale et des tableaux pleins de poésie.

Faith is a force, charity a love, hope complete happiness, or, es religion expresses it, a complete virtue.

La foi est une force, la charité un amour, l’espérance toute une félicité, ou, comme parle la religion, toute une vertu.

The laws of God constitute the most perfect code of natural Justice.

Les lois de Dieu sont le code le plus parfait de la justice naturelle.

The fall of our first parents is a universal tradition.

La chute de notre premier père est une tradition universelle.

A new proof of it may be found in the constitution of the moral man, which is contrary to the general constitution of beings.

On peut en trouver une preuve nouvelle dans la constitution de l’homme moral, qui contredit la constitution générale des êtres.

The prohibition to touch the fruit of knowledge was a sublime command, and the only one worthy of the Almighty.

La défense de toucher au fruit de science est un commandement sublime, et le seul qui fût digne de Dieu.

All the arguments which pretend to demonstrate the antiquity of the earth may be contested.

Toutes les prétendues preuves de l’antiquité de la terre peuvent être combattues.

The doctrine of the existence of a God is demonstrated by the wonders of the universe. A design of Providence is evident in the instincts of animals and in the beauty of nature.

Dogme de l’existence de Dieu démontré par les merveilles de l’univers ; dessein visible de la Providence dans les animaux ; enchantement de la nature.

Morality of itself proves the immortality of the soul. Man feels a desire of happiness, and is the only creature who cannot attain it; there is consequently a felicity beyond the present life; for we cannot wish for what does not exist.

La seule morale prouve l’immortalité de l’âme. L’homme désire le bonheur, et il est le seul être qui ne puisse l’obtenir : il y a donc une félicité au delà de la vie, car on ne désire point ce qui n’est pas.

The system of atheism is founded solely on exceptions. It is not the body that acts upon the soul, but the soul that acts upon the body. Man is not subject to the general laws of matter; he diminishes where the animal increases.

Le système de l’athéisme n’est fondé que sur des exceptions : ce n’est point le corps qui agit sur l’âme, c’est l’âme qui agit sur le corps. L’homme ne suit point les règles générales de la matière ; il diminue où l’animal augmente.

Atheism can benefit no class of people :—neither the unfortu­nate, whom it bereaves of hope, nor the prosperous, whose joys it renders insipid, nor the soldier, of whom it makes a coward, nor the woman, whose beauty and sensibility it mars, nor the mother who has a son to lose, nor the rulers of men, who have no surer pledge of the fidelity of their subjects than religion.

L’athéisme n’est bon à personne, ni à l’infortuné, auquel il ravit l’espérance, ni à l’heureux dont il dessèche le bonheur, ni au soldat, qu’il rend timide, ni à la femme, dont il flétrit la beauté et la tendresse, ni à la mère, qui peut perdre son fils, ni aux chefs des hommes, qui n’ont pas de plus sûr garant de la fidélité des peuples que la religion.

The punishments and rewards which Christianity holds out in another life are consistent with reason and the nature of the soul.

Les châtiments et les récompenses que le christianisme dénonce ou promet dans une autre vie s’accordent avec la raison et la nature de l’âme.

In literature, characters appear more interesting and the passions more energetic under the Christian dispensation than they were under polytheism. The latter exhibited no dramatic feature, no struggles between natural desire and virtue.

En poésie, les caractères sont plus beaux, et les passions plus énergiques sous la religion chrétienne qu’ils ne l’étaient sous le polythéisme. Celui-ci ne présentait point de partie dramatique, point de combats des penchants naturels et des vertus.

Mythology contracted nature, and for this reason the ancients had no descriptive poetry. Christianity restores to the wilder­ness both its pictures and its solitudes.

La mythologie rapetissait la nature, et les anciens, par cette raison, n’avaient point de poésie descriptive. Le christianisme rend au désert et ses tableaux et ses solitudes.

The Christian marvels may sustain a comparison with the marvels of fable. The ancients founded their poetry on Homer, while the Christians found theirs on the Bible and the beauties of the Bible surpass the beauties of Homer.

Le merveilleux chrétien peut soutenir le parallèle avec le merveilleux de la fable. Les anciens fondent leur poésie sur Homère, et les chrétiens sur la Bible ; et les beautés de la Bible surpassent les beautés d’Homère.

To Christianity the fine arts owe their revival and their perfection.

C’est au christianisme que les beaux-arts doivent leur renaissance et leur perfection.

In philosophy it is not hostile to any natural truth. If it has sometimes opposed the sciences, it followed the spirit of the age and the opinions of the greatest legislators of antiquity.'

En philosophie, il ne s’oppose à aucune vérité naturelle. S’il a quelquefois combattu les sciences, il a suivi l’esprit de son siècle et l’opinion des plus grands législateurs de l’antiquité.

In history we should have been inferior to the ancients but for the new character of images, reflections, and thoughts, to which Christianity has given birth. Modern eloquence furnishes the same observation.

En histoire, nous fussions demeurés inférieurs aux anciens sans le caractère nouveau d’images, de réflexions et de pensées qu’a fait naître la religion chrétienne : l’éloquence moderne fournit la même observation.

The relics of the fine arts, the solitude of monasteries, the charms of ruins, the pleasing superstitions of the common people, the harmonies of the heart, religion, and the desert, lead to the examination of the Christian worship.

Restes des beaux-arts, solitudes des monastères, charmes des ruines, gracieuses dévotions du peuple, harmonies du cœur, de la religion et des déserts, c’est ce qui conduit à l’examen du culte.

This worship everywhere exhibits a union of pomp and majesty with a moral design and with a prayer either affective or sublime. Religion gives life and animation to the sepulchre. From the laborer who reposes in a rural cemetery to the king who is interred at St. Denis, the grave of the Christian is full of poetry. Job and David, reclining upon the Christian tomb, sing in their turn the sleep of death by which' man awakes to eternity.

Partout dans le culte chrétien la pompe et la majesté sont unies aux intentions morales, aux prières touchantes ou sublimes. Le sépulcre vit et s’anime dans notre religion : depuis le laboureur qui repose au cimetière champêtre jusqu’au roi couché à Saint-Denis, tout dort dans une poussière poétique. Job et David, appuyés sur le tombeau du chrétien, chantent tour à tour la mort aux portes de l’éternité.

We have seen how much the world is indebted to the clergy and to the institutions and spirit of Christianity. If Schoonbeck, Bonnani, Giustiniani, and Helyot, had followed a better order in their laborious researches, we might have presented here a complete catalogue of the services rendered by religion to humanity. We would have commenced with a list of all the calamities incident to the soul or the body of man, and men­tioned under each affliction the Christian order devoted to its relief. It is no exaggeration to assert that, whatever distress or suffering we may think of, religion has, in all probability, anticipated us and provided a remedy for it. From as accurate a, calculation as we were able to make, we have obtained the following results:

Nous venons de voir ce que les hommes doivent au clergé séculier et régulier, aux institutions, au génie du christianisme. Si Shoonbeck, Bonnani, Giustiniani et Hélyot avaient mis plus d’ordre dans leurs laborieuses recherches, nous pourrions donner ici le catalogue complet des services rendus par la religion à l’humanité. Nous commencerions par faire la liste des calamités qui accablent l’âme ou le corps de l’homme, et nous placerions sous chaque douleur l’ordre chrétien qui se dévoue au soulagement de cette douleur. Ce n’est point une exagération : un homme peut penser telle misère qu’il voudra, et il y a mille à parier contre un que la religion a deviné sa pensée et préparé le remède. Voici ce que nous avons trouvé après un calcul aussi exact que nous l’avons pu faire.

There are computed to be on the surface of Christian Europe about four thousand three hundred towns and villages. Of these four thousand three hundred towns and villages, three thousand two hundred and ninety-four are of the first, second, third, and fourth rank. Allowing one hospital to each of these three thousand two hundred and ninety-four places, (which it far below the truth,) you will have three thousand two hundred and ninety-four hospitals, almost all founded by the spirit of Christianity, endowed by the Church, and attended by religious orders.

On compte à peu près sur la surface de l’Europe chrétienne quatre mille trois cents villes et villages. Sur ces quatre mille trois cents villes et villages, trois mille deux cent quatre-vingt-quatorze sont de la première, de la seconde, de la troisième et de la quatrième grandeur. En accordant un hôpital à chacune de ces trois mille deux cent quatre-vingt-quatorze villes (calcul au-dessous de la vérité), vous aurez trois mille deux cent quatre-vingt-quatorze hôpitaux, presque tous institués par le génie du christianisme, dotés sur les biens de l’Église et desservis par des ordres religieux.

 Supposing that, upon an average, each of these hospitals contains one hundred beds, or, if you please, fifty beds for two patients each, you will find that religion, exclusively of the immense number of poor which she supports, has afforded daily relief and subsistence for more than a thousand years to about three hundred and twenty-nine thousand four hundred persons.

Prenant une moyenne proportionnelle et donnant seulement cent lits à chacun de ces hôpitaux, ou, si l’on veut, cinquante lits pour deux malades, vous verrez que la religion, indépendamment de la foule immense de pauvres qu’elle nourrit, soulage et entretient par jour, depuis plus de mille ans, environ trois cent vingt-neuf mille quatre cents hommes.

On summing up the colleges and universities, we find nearly the same results; and we may safely assert that they afford instruction to at least three hundred thousand youths in the different states of Europe.'

Sur un relevé des collèges et des universités, on trouve à peu près les mêmes calculs, et l’on peut admettre hardiment qu’elle enseigne au moins trois cent mille jeunes gens dans les divers États de la chrétienté [

In this statement we have not included either the Christian hospitals and colleges in the other three quarters of the globe, or the female youth educated by nuns.

NOTE 39]. Nous ne faisons point entrer ici en ligne de compte les hôpitaux et les collèges chrétiens dans les trois autres parties du monde, ni l’éducation des filles par les religieuses.

To these results must be added the catalogue of the celebrated men produced by the Church, who form nearly two-thirds of the distinguished characters of modern times. We must repeat, as we have shown, that to the Church we owe the revival of the arts and sciences and of letters; that to her are due most of the great modern discoveries, as gunpowder, clocks, the mariner's compass, and, in government, the representative system; that agriculture and commerce, the laws and political science, are under innumerable obligations to her; that her missions intro­duced the arts and sciences among civilized nations and laws among savage tribes; that her institution of chivalry powerfully contributed to save Europe from kn invasion of new barbarians; that to her mankind is indebted for

Maintenant il faut ajouter à ces résultats le dictionnaire des hommes célèbres sortis du sein de l’Église, et qui forment à peu près les deux tiers des grands hommes des siècles modernes : il faut dire, comme nous l’avons montré, que le renouvellement des sciences, des arts et des lettres, est dû à l’Église ; que la plupart des grandes découvertes modernes, telles que la poudre à canon, l’horloge, les lunettes, la boussole, et en politique le système représentatif, lui appartiennent ; que l’agriculture, le commerce, les lois et le gouvernement lui ont des obligations immenses ; que ses missions ont porté les sciences et les arts chez des peuples civilisés et les lois chez des peuples sauvages ; que sa chevalerie a puissamment contribué à sauver l’Europe d’une invasion de nouveaux barbares ; que le genre humain lui doit :

The worship of one only God;

Le culte d’un seul Dieu ;

The more firm establishment of the belief in the existence of that Supreme Being;

Le dogme plus fixe de l’existence de cet Etre suprême ;

A doctrine less vague and more certain of the immortality of the soul, and also of o future state 2f rewards and punishments;

La doctrine moins vague et plus certaine de l’immortalité de l’âme, ainsi que celle des peines et des récompenses dans une autre vie ;

A more enlarged and active humanity;

Une plus grande humanité chez les hommes ;

A perfect virtue, which alone is equivalent to all the others—Charity.

Une vertu tout entière, et qui vaut seule toutes les autres, la charité ;

A political law and the law of nations, unknown to the ancients, and, above all, the abolition of slavery.

Un droit politique et un droit des gens inconnus des peuples antiques et par-dessus tout cela l’abolition de l’esclavage.

Who is there but must be convinced of the beauty and the grandeur of Christianity ? Who but must be overwhelmed with this stupendous mass of benefits?

Qui ne serait pas convaincu de la beauté et de la grandeur du christianisme ? Qui n’est écrasé par cette effrayante masse de bienfaits ?

 

 

 


xcxxcxxc  F ” “ This Webpage was created for a workshop held at Saint Andrew's Abbey, Valyermo, California in 1990....x....   “”.